BEAUSSIER BASSET

Extrait du registre des décès : « Décès de François Ouvrard

Le vingt neuvième jour du mois de germinal l’an quatre, le dix huit avril 1796.

Aujourd’hui vingt neuvième jour du mois de germinal, l’an quatre de la République une et indivisible à deux heures du soir.

Par devant moi, Jean Le Monnier agent de cette commune à déffaut d’un officier public authorisé par la loi de recevoir les actes destinés à constater les naissances, mariages et décès des citoyens, j’ai extrait le procès-verbal de mort de François Ouvrard dont la teneur suit -

Le vingt neuvième jour de germinal l’an quatre de la République française une et indivisible deux heures de relevée.

Nous en conséquence d’avertissement à nous rendu ce jourd’hui, par Jean Le Monnier agent municipal de la commune de Beauveau, il s’est commis un assassin sur la personne de François Ouvrard, âgé d’environ quarante cinq ans veuf de Perrine Lambert son épouse née et décédée en la commune de Beauveau en l’an trois, âgée d’environ quarante deux ans, étant accompagné de Jacques Hérissé officier de santé, demeurant commune de Jarzé, à l’effet destiné en sa présence, procéder aux opérations ci après, dont nous lui avons fait connaître l’objet, pour y visiter le dit Ouvrard mort dont il en a fait mention en l’avertissement du dit Le Monnier, nous nous sommes transportés en la maison et demeure du dit Ouvrard, au dit Beauveau, en étant entré, nous avons requis le dit Le Monnier de tenir la porte fermée de la dite maison, afin que personne ne s’éloigne sans notre permission jusqu’à ce que nous ayons procédé aux opérations qui font le sujet de notre transport. Nous avons aussi requis les citoyens volontaires nationaux de faire perquisition dans toute la maison du dit Ouvrard, ce qu’ils ont fait sans avoir rien pu découvrir ; et le dit Le Monnier nous a conduit dans une chambre donnant sur la cour au rez de chaussée, où nous avons remarqué des traces de sang là où le corps mort est déposé que nous avons trouvé exposé en la dite chambre sur le carreau : nous avons requis le dit Hérissé officier de santé d’en faire la visite dans l’instant : à quoi procédant, le dit Hérissé a remarqué que le dit Ouvrard mort la nuit du vingt huit au vingt neuf du présent par plusieurs blessures remarquées par le citoyen Hérissé :

1° A la tête deux scarifications l’une sur l’oeil droit et gauche paraissent être faites par crosse de fusil.

2° Sur le coronal qui me paraisse un coup de chien de fusil qui a enfoncé jusqu’à la cervelle.

3° Une balle qui me paraît un coup de fusil sur la partie droite quatre doigts au côté du nombril ?

4° Douze coups de bayonnette en le dos de la partie gauche au quel il y en a deux, dont une entrée dans l’abdomen et une autre jusqu’au poulmon.

Desquelles déclarations il résulte que le dit Ouvrard est mort d’une mort violente et qu’il a été tué par une arme à feu : en conséquence, attendu que la cause de sa mort est connue, et que toutes autres recherches à cet égard seraient faites nous avons déclaré que rien ne s’opposait à ce que le corps ne fut inhumé : Sommé le dit Le Monnier de nous déclarer s’il reconnaissait le dit Ouvrard, a répondu que oui, duquel examen visite et déclarations, il résulte qu’il existe meurtre et vol avec effraction, le tout commis par gens inconnus et nuitamment aux environs d’une heure après minuit.

Fait et arrêté le présent procès verbal au domicile du dit Ouvrard mort les dits jour mois et an que dessus sur les quatre heures du soir par nous René, Louis Delaporte officier de police du canton de Jarzé, chef-lieu y demeurant soussigné, en présence et assistance de Jacques Hugeron et Jean Jubeau nos assesseurs aussi soussignés, un mot rayé nul.

Le dit procès verbal est signé Hugeron assesseur et Jean Jubeau assesseur, Le Monnier agent, Delaporte officier de police, François Fallaize greffier.

Assuré du décès du dit François Ouvrard d’après procès verbal cy-dessus, j’ai rédigé le présent au dit registre ; fait en la maison commune du dit Beauveau, département de Maine et Loire, les jour mois et an susdits, deux mots rayés nuls, requis, foulé.

Signé Le Monnier, Agent. »

https://recherche-archives.maine-et-loire.fr/v2/ark:/71821/436c359ed32f415b19bbe4e9e4b54366

Le 29 germinal de l’an IV – Assassinat du maire de Beauvau.

A l’instar de l’assassinat de Jean Bachellier près de Baugé, le 19 germinal de l’an III, nous retrouvons le même acharnement lors du meurtre de François Ouvrard, maire de Beauvau, près de Jarzé, le 29 germinal de l’an IV(18 avril 1796). (à noter, relevé dans le dictionnaire de Célestin Port, à la rubrique de Beauvau, que le 15 frimaire An IV, ou le 5 décembre 1792, le village fut visité et la mairie saccagée par une bande de chouans (jpb)) Il ne fait pas bon être officier public ou patriote dans ce secteur de l’Anjou, le Baugeois est infesté de chouans.

La famille de François Ouvrard a été particulièrement éprouvée depuis le début de la Révolution.

Perrine Lambert, son épouse, décède à l’âge de 42 ans le 20 Brumaire de 1794 (10 novembre 1794).

Etienne-Joseph Ouvrard, l’un de ses fils, décède à l’âge de 11 ans, le 29 Brumaire de l’an 3 (19 novembre 1794)

Et François Ouvrard est assassiné à son domicile dans la nuit du 28 au 29 germinal de l’an 4 (18 avril 1796), par des inconnus.

Voici l’inventaire de ses blessures : 1° Deux coups de crosse de fusil au visage. 2° Un coup sur la tête, le fusil en travers, si bien que le chien de l’arme lui enfonce le coronal jusqu’à la cervelle. 3° Un coup de feu au ventre près du nombril ? 4° Douze coups de baïonnette dont un entré dans l’abdomen et un autre « jusqu’au poumon. »

« Tué par des inconnus ? » Des voleurs ou des chouans ? Puisqu’il existe meurtre et vol dans cette affaire. Il est des actes sur lesquels il faudrait tirer un voile. Ils sont du reste, dans la destinée fatale des guerres civiles, qui tôt ou tard dégénèrent forcément en pur brigandage.

François Ouvrard a été tué par une arme de guerre, c’était un riche patriote, maire de sa commune, une cible parfaite pour un chouan ou pour un faux chouan ? Les deux se côtoyaient à l’époque.

Les parents de François Ouvrard étaient de riches marchands-fermiers originaires de la Paroisse de Marcé. Sa mère, Françoise Riffault était issue d’une famille de riches marchands-tissiers et de maîtres potiers. Ils exploitaient le moulin d’Ahy paroisse de Marcé. Son père construisit un moulin à vent sur les hauteurs entre Beauvau et Jarzé. Ils sont propriétaires du moulin à vent et d’une douzaine de closeries mises en location. C’est dire que leur situation sociale a pu faire germer bien des convoitises. De plus ce sont des républicains, ce qui n’arrange rien en cette période troublée. Le « Sieur » François Ouvrard, fils du Sieur François Ouvrard et de Françoise Riffault, s’était marié à Beauvau le 30 janvier 1774 avec Perrine Lambert, fille de Pierre Lambert et de Marie Odiot. En 1777 il est domicilié au moulin à vent* de Beauveau, il est aussi marchand-cultivateur.

• Il ne reste plus aujourd’hui que la tour du moulin, l’habitation du meunier, située à l’Est du moulin n’existe plus. Elle était répertoriée sur le cadastre napoléonien de 1830 et sur la carte d’état major de 1820-1866.

De cette union sont issus, entre autres enfants :

1° Pierre Ouvrard, né au moulin à Vent. le 1er juin 1777 à Beauvau. 2° Perrine Ouvrard, née le 7 juin 1779 à Beauvau. 3° Jean-Jacques Ouvrard, né le 9 novembre 1780 à Beauvau. 4° Marie-Françoise Ouvrard, née le 23 juin 1782 à Beauvau. 5° Etienne-Joseph Ouvrard, né en 1784 ? † 19 novembre 1794 à Beauvau. 6° Jean-Pierre Ouvrard*, né le 30 avril 1786 à Beauvau. (Docteur en médecine). * Reçu Docteur en médecine à Paris, le 30 mai 1811, il exerça comme médecin cantonal des épidémies à Chalonnes, puis Angers, en 182, où il professa la physiologie à l’école de médecine à partir de 1818. En plus de son talent de chirurgien, il brillait par son éloquence tant à Angers qu’à Paris. Maire de Beauvau en 1848, il se retira définitivement au château de la Souchardière.

Sources : . Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés - Registres paroissiaux et d’état civil de Beauvau – mariage 1774 – vue 16/277. décès vues 135/277 et 143,144/277 an IV.

. Archives Départementales du Maine-et-Loire – cadastre Napoléonien de la commune de Beauvau – section B1 du Bourg 1-611 - plan napoléonien de 1830.

. Dictionnaire Historique et biographique de Maine-et-Loire - Célestin-Port Tome III page 75 – Ouvrard Jean-Pierre.

X. Paquereau pour Chemins Secrets